En
mars 2013, je chaussais mes premières baskets et portais mon premier dossard
pour faire une course sur route de 5 kms.
En octobre 2013, j’ai couru mon
premier petit trail la Templière sur une distance de 7 kms.
Ensuite je me suis
dis, si je peux faire 5 ou 7 kms, je peux en faire 10, et s’en sont suivi plusieurs
courses d’environ 10 kms.
En
février 2014, j’ai fait mon premier semi-marathon à Cannes avec une arrivée sur
le tapis rouge.
Je pensais qu’à l’arrivée,
il m’attendrait genou à terre, mais RIEN … En fait le message subliminal
c’étais « tu peux toujours courir !!! » Et c’est ce que je fais
depuis, avec chaque année un nouveau
défi à relever, que ce soit en course à pied mais aussi en vélo de route.
En
juillet 2017, j’ai fait ma première course de vélo en Italie qui s’appelle le
marathon des Dolomites, avec une succession de 5 cols à grimper.
En
août 2018, je suis entrée dans le club des Cinglés du Mont-Ventoux dont le
principe est de faire l’ascension du Ventoux 3 fois dans la même journée
en passant par ces 3 routes principales que sont Bedoin, Malaucène et
Sault.
En
octobre 2019, c’est le défi ultime de l’année : Le Grand Raid de la
Réunion qu’on appelle aussi La Diagonale des Fous. Une course mythique
plébiscitée par les plus grands trailers venus du monde entier. Une course de
166 kms avec 9611 m de dénivelé positif. Un défi que je décide de relever avec
Stéphane.
APRES
UN LONG VOYAGE DE 11 HEURES, NOUS VOICI « FRAICHEMENT » débarqués à
l’aéroport de Saint-Denis. Le ton est donné grâce à un chaleureux comité
d’accueil (danse locale, apéritif, ambiance festive). Ca y est, nous entrons
dans l’ambiance du Grand Raid.
4
jours nous séparent du départ, on sent la pression monter en commençant à
réaliser l’ampleur de l’événement. C’est vraiment incroyable la ferveur
populaire sur l’ile pour cette Diag. Vous en discutez avec n’importe qui, tout
le monde va vous parler du Grand Raid.
Mercredi
16 octobre, veille de course, il faut récupérer les dossards à Saint Pierre sur
la place principale, et là, il faut s’armer de patience, énormément de monde et
belle ambiance! Nous sommes canalisés une première fois pour retirer le fameux
dossard avec les deux tee-shirts de la course obligatoires et la casquette
saharienne et une seconde fois pour accéder aux tentes des nombreux partenaires
qui vous offrent des cadeaux en tout genres.
Jeudi
17 octobre, jour du départ prévu à 22h : La journée est consacrée au
repos et à la préparation des sacs avec matériel obligatoire, la préparation
des sacs d’allègement fournis par l’organisation que nous laisserons sur deux
ravitos car nous ne disposons pas d’assistance extérieure.
18h
départ vers Saint Pierre avec Bertrand un ami breton rencontré à l’hôtel, puis
c’est l’arrivée sur la zone départ où une effervescence est en train de monter.
Déjà beaucoup de monde, il faut faire contrôler son sac, tout est passé au
peigne fin pour vérifier le matériel transporté obligatoire, à savoir 1
frontale avec batterie de rechange, carte d’identité, couverture de survie, 2
bandes élasto, une éco cup, un coupe vent, un maillot manche longue, un
sifflet, 1,5 litres de boisson, et du ravitaillement solide. Nous sommes parqués
dans une zone en attendant d’accéder à la ligne de départ avec concert et
ambiance en attendant 22h.
21h45,
l’ambiance monte d’un cran, l’inquiétude se lit sur certains visages, avec
Steph nous n’en menons pas large mais sommes tout de même impatients de
nous élancer. Il y a foule de spectateurs!
L’accès
au départ se fait rapidement, nous nous retrouvons en fin de paquet vers les
2500èmes.
Le
décompte est donné et c’est parti! Nous restons ensemble sur les 3 premiers kms
afin de profiter de cet instant unique. Une foule incroyable nous acclame, on
ne s’entend plus, ça donne la chair de poule! Feu d’artifices, orchestres, et
ça dure comme ca pendant 5 kms. Sur un bisou d’encouragement, Steph me quitte,
je continue à mon rythme en continuant de profiter de cette superbe ambiance.
Je
passe le premier ravito Domaine Vidot. Je ne m’y attarde pas. Au bout de 2h25
de course commencent les premiers bouchons. Pas de surprise, je savais que
j’allais y avoir droit. Doucement mais sûrement, j’atteins le deuxième ravito
Notre Dame de la Paix. Après 6h20 de course, je rencontre un deuxième bouchon
dû à une succession de petits escaliers en bois à escalader. Je ne m’agace pas,
je le prends avec philosophie en me disant que pendant ce temps-là, je
récupère. Je progresse tout doucement dans le noir, je discute avec les
personnes qui se trouvent devant et derrière moi et profite d’un magnifique
lever de soleil. Là je sens qu’une belle journée va commencer. J’arrive au
troisième ravito Aire de Nez de Bœuf . Je mange quelques morceaux de bananes,
quelques biscuits, boit un thé chaud, rempli mes flasques, range ma frontale et
repars.
J’appréhende
un peu la descente vers Mare à Boue car comme son nom l’indique par temps de
pluie, ça peut être un vrai bourbier et donc un vrai calvaire. Par chance cette
année c’est très sec ! Sur cette portion je passe à côté d’une fille avec
qui j’avais discuté pendant les ralentissements, je reste à son niveau et
entame une discussion. Nous faisons plus ample connaissance. Elle se prénomme
Marie-Béatrice mais elle préfère qu’on l’appelle Marie, comme moi. On court au
même rythme et on arrive à tenir une discussion, C’est cool. Mais ça ne durera
pas longtemps car je suis soudainement prise de crampes abdominales. Je
ralentis le rythme et ne voulant pas retarder Marie B, je lui dis de poursuivre
son chemin à son rythme. Je continue au mien en espérant que ça passe
rapidement. Après m’être isolée dans un petit coin tranquille pour me soulager
à plusieurs reprises (Eh oui ça fait aussi partie des aléas du trail !), j’arrive
au ravito de Mare à Boue. Petit ravito léger, je me sens mieux et c’est tant
mieux parce que sinon la suite aurait été un véritable calvaire. En effet, pour
atteindre Cilaos il faut passer par la montée du Coteau Kerveguen et sa descente.
A mes yeux, ce fut la partie la plus technique, la plus pénible et la plus
interminable; des échelles métalliques, des marches d’une hauteur abominable,
des rochers, des racines, des rondins, le tout sur un terrain humide et
glissant. Qu’est-ce que j’ai pu « pester » !!! Des phrases du
style « On a passé Mare à Boue, c’était super sec et là c’est plus boueux
que Mare à Boue, je ne comprends rien… », « Ils sont si grands que ça
les réunionnais pour faire des marches aussi hautes! », « J’ai
l’impression d’être dans le monde du géant vert » Heureusement que le
paysage est sublime, on en oublie la difficulté et c’est tellement varié que
s’en est presque ludique.
Il est 15H51, j’arrive au ravito de Cilaos. Je sors ma
cup pour me faire servir une soupe de vermicelle, sympa en guise de
goûter !!! Je retrouve Marie B qui me demande si je vais mieux, je lui
réponds que oui. Cela faisait un moment qu’elle était là et était prête à
repartir. Je lui dis que je reste encore un petit peu le temps de bien me
ravitailler et lui souhaite une bonne continuation. Je me pose sur une chaise
et en profite pour vérifier mes pieds. Tout va bien, pas d’ampoules, j’applique
de la Nok en grosse couche et mets des chaussettes propres, je recharge ma
montre et change la batterie de ma frontale en prévision de la prochaine nuit à
venir. J’avale une assiette de riz et de poulet que j’apprécie car je me rends
compte que depuis mon dernier repas 3h avant le départ, je n’ai rien avalé de
vraiment consistant. Je repars en direction du ravito suivant qui est celui du
début du Sentier Taïbit. J’y arrive, je ne sais pas comment car je n’en n’ai
aucun souvenir. Je devais être en mode pilote automatique.
Sur
le ravito, oh agréable surprise, je retrouve Marie B !!! Nous décidons de
poursuivre l’aventure ensemble et on « check » en faisant le pacte de
franchir l’arrivée ensemble main dans la main. Nous avons parcouru 72 kms et franchi
3839 D+ mais pour ma part,
c’est
comme si je prenais le départ d’un nouveau trail.
C’est
le début d’une nouvelle aventure. ATTENTION VOICI LES DEUX MARIE!!!
Pour
l’avoir fait en randonnée, Marie B connaît bien le sentier Taïbit, et en plus elle
l’adore. Cela me rassure car je sais que c’est un des gros morceaux de la Diag.
A mi-montée nous arrivons à la Tisanerie. Il fait nuit, à la lueur des
frontales, il y a un drôle de personnage habillé tout en rouge et avec une
barbe blanche (Quoi ? J’ai des hallucinations ? Je vois le Père
Noël ?). Il nous propose de déguster sa fameuse « tisane
ascenseur ». Je ne sais pas avec quelles plantes elle est faite, mais elle
est bonne et bienvenue.
Il
est 21H34, nous atteignons le ravito de Marla et ça fait presque 24h de course.
La fatigue se fait fortement ressentir pour Marie B. Elle a absolument besoin
de dormir un peu. Nous nous ravitaillons
et décidons de nous poser pour essayer de dormir une vingtaine de minutes. Il
n’y a plus de place sous les tentes alors une bénévole nous donne des
couvertures et nous propose de nous installer dans un big bag de chantier.
Malgré la fatigue, ça nous fait rire car c’est assez comique. On fait une
petite photo souvenir et hop au dodo !!!
Mais
impossible pour moi de fermer l’œil tellement je suis transie de froid.
L’intérieur du bag est trempé, je claque des dents, je grelotte de tous mes
membres. Il faut qu’on parte d’ici. NON je ne veux pas mourir de froid dans
Mafate !!! Tant pis, on se reposera au prochain ravito. Nous nous
changeons sous la tente des infirmières. J’enfile un tee-shirt seconde peau
sec, une veste à capuche, un coupe-vent, des gants et un buff et nous voilà
repartie.
Le
profil est descendant, nous sommes vite réchauffées et poursuivons notre
aventure. Finalement « flirtant » avec les barrières horaires, nous
passons la Plaine des Merles, sentier
Scout et Ilet à Bourse en mode veille économique avec en tête le credo « il
faut avancer si on veut voir la Redoute ».
Il
est 5h48, nous arrivons à Grand Place au lever du soleil. Marie B est épuisée.
Elle veut dormir à tout prix mais un bon samaritain qui s’appelle François nous
conseille qu’il est plus judicieux de se reposer à Roche Plate. Il se propose
de nous accompagner et le duo se transforme en trio. Plus on est de fous, plus
on rit. Nous parvenons tant bien que mal au ravito de Roche plate. Nous avons
1h30 d’avance sur la barrière horaire et bien sûr la première chose que Marie B
va faire, c’est DORMIR. Elle a repéré un petit coin tranquille à l’écart de
l’effervescence des tentes de ravitaillement.
Bizarrement je ne ressens pas le besoin de me reposer, je
file manger quelque chose et remplir mes flasques. Ensuite je m’occupe de mes
pieds. Je profite d’une petite fontaine pour les laver et constater qu’après
106 kms et plus de 6500 m de dénivelé positif, ils sont nickels. Je les sèche bien, les
badigeonne généreusement de crème Nok et remet des chaussettes propres. Je vais
rejoindre Marie B qui dort à point fermé. Je vais essayer de dormir aussi. Je
programme le réveil pour 20 min de repos. Je suis bien là, allongée à l’ombre
des arbres, bercée par une petite brise. J’entends un hélicoptère survoler le
site, j’entends un voisin ronfler, mes sens sont bien trop en éveil pour
réussir à dormir. Du coup pour faire passer le temps je recharge ma montre et
étudie le profil du reste de la course. « Il ne reste plus que la montée
du Maïdo », un mur vertical de 6 kms pour 1000 m de dénivelé. Marie B se
réveille, elle a pu dormir une heure et demi. Nous nous ravitaillons
suffisamment pour affronter le terrible Maïdo Tête Dure.
Marie
B me confie que cette ascension va être terrible d’autant plus qu’il est midi
et qu’on va être en plein soleil. Apparemment un ange veillait sur nous car
quelques minutes plus tard une petite couverture nuageuse est apparue au dessus
de nous. Plus on s’approche du sommet, plus on entend les supporters qui
acclament les coureurs. En haut prise par l’ivresse des encouragements, je me
mets à sprinter, trop heureuse d’y être arrivée. Marie B a la surprise de
retrouver ses enfants et ses amis en haut pour l’encourager. Elle en pleure de
joie, ils sont tellement fiers d’elle. Je partage cette joie et profite aussi
de ces bons moments qui redonnent de l’énergie positive. D’autant plus que
maintenant le plus dur est passé.
Malheureusement,
malgré toute cette euphorie, la descente vers Ilet Savannah est un véritable calvaire.
Au début c’est une succession de montées et de descentes si bien qu’on n’a pas
du tout l’impression d’aborder la descente représentée sur le profil de la
course. Nous avons tellement donné pour cette montée du Maïdo, un trop plein
d’émotions et la chute de la pression ont fait qu’il ne nous reste plus de jus
pour la descente. Il nous est impossible de relancer dans les parties
roulantes. Nous mettons plus de 4h pour parcourir 16 kms. Pendant cette
interminable descente, je ne rêve que d’une bonne douche et de vêtements
propres, je me sens trop sale et je sais qu’au prochain ravito mon sac d’allègement
m’y attend. C’est ce qui me fait avancer tellement ça m’obsède.
Nous
arrivons à Ilet Savannah avec seulement 45 min d’avance sur la barrière horaire,
je file récupérer mon sac pour prendre ma douche. Nous réussissons à la prendre
dans des conditions dont je passerai les détails, où il ne faut pas
« faire sa précieuse ». Mais elle m’a fait tellement de bien au corps
et au moral. Le bienfait est de courte durée quand des bénévoles nous pressent
de partir avant que les deux serre-fils ne démarrent, sous peine d’être
disqualifié. Nous n’avons pas eu le temps de faire le plein des flasques, de
nous ravitailler, ni de rendre les sacs d’allègement. C’est l’incompréhension. Nous
voulons plus d’explications et surtout nous ne voulons pas être mises
hors-course alors que nous avons passé le pointage avant la barrière horaire.
L’un des bénévoles va rapidement nous rassurer en nous informant qu’il s’agit
d’une erreur, que le principal c’est d’arriver au prochain pointage avant la
prochaine barrière horaire. Il nous aide à remplir nos flasques pendant que
nous mangeons quelques délicieux morceaux de poulets et nous repartons un peu abasourdie
par cette soudaine montée de stress.
Nous
traversons la rivière des galets avec l’aide de sympathiques locaux pour nous
éviter de mettre les pieds dans l’eau vu que nous venions de changer de
chaussettes et de chaussures et nous nous dirigeons vers le Chemin Ratinaud, une
descente pas très longue mais hyper raide et technique dans la forêt avec des
énormes rochers. Avant cela il nous faut monter des chemins à travers des
lotissements, des terrains en construction. Heureusement qu’il fait nuit, parce
que c’est sans intérêt. Nous sommes à plus de 48h de course et avant
d’entreprendre la descente du Chemin Ratinaud, je suggère à Marie d’avaler un
gel à base de caféïne afin d’avoir le plus de vigilance possible. Nous franchissons
les obstacles en nous accrochant aux branches comme des ouistitis. Je crois que
c’est la partie où je me m’éclate le plus tellement c’est ludique.
Nous
atteignons la Possession où je retrouve Stéphane qui malheureusement pour lui a
dû abandonner la course sur blessure. Je suis prise entre deux sentiments, la
joie de le voir mais aussi la déception pour lui. Il me rassure et m’encourage
pour la suite. Marie B ressentant encore le besoin de dormir, se dirige vers la
tente médicale et se trouve un lit de camp pour se reposer. Elle est
tranquillisée car cette fois-ci nous avons presque 3h d’avance sur la barrière
horaire. Pendant ce temps je profite de Stéphane et de la voiture de location pour
essayer de dormir moi aussi mais là encore impossible de fermer l’œil. Je n’ai
pas sommeil, je suis trop focalisée sur mon objectif final de franchir la ligne
d’arrivée.
Avec
la montée du Taïbit et celle du Maïdo, la partie qui suit est une des plus
emblématique de la Diag. Pour atteindre Grande Chaloupe il faut passer par le fameux
Chemin des Anglais; une partie très redoutée des raiders surtout s’il est
traversé de jour sous la chaleur. C’est un chemin pavé de pierres volcaniques
enchevêtrées anarchiquement, qui se transforme en véritable fournaise dès
l’apparition des premiers rayons de soleil. Mais cette partie ne me fait pas
peur. J’en ai reconnu une partie avec Stéphane 4 jours avant le grand départ.
Je sais à quoi m’attendre et en plus il fait nuit. Il faut juste une bonne frontale
et rester très concentrée sur ses pas pour ne pas se tordre une cheville. Avec
Marie B, c’est l’occasion de sortir quelques plaisanteries du genre « l’ouvrier
qui a posé ces pavés, soit il est vraiment mauvais ou alors il en voulait à son
patron qui ne devait pas suffisamment le payer ». Nous croisons deux
locaux qui descendaient en courant sur ces pavés. Je suis à la fois étonnée et
admirative de leur agilité.
Quand on arrive à Grande Chaloupe, on se dit
que ça sent bon la fin. Il reste 14 kms, la montée du Colorado 800 m de
dénivelé sur 9 kms et la descente finale.
Cette
dernière montée ne se fait pas sans mal. J’ai une douleur au niveau de la
cheville droite provoquant des décharges vives jusque dans le genou à chaque
fois que je pose le pied. Je n’en comprends pas la raison, je ne me suis pas
tordue la cheville. Je me pose un moment pour vérifier ma cheville et je
constate qu’en fait j’ai une veine qui est très dilatée. Rien de grave mais
tout de même très douloureux. Je continue mon ascension en serrant les dents et
avec le soutien de Marie B.
En
haut du Colorado, je file à la tente des infirmières pour voir si on peut trouver
un moyen pour me soulager. L’infirmière me pose un Tape dans l’espoir que ce
soit efficace.
Nous
nous ravitaillons pour la dernière fois et nous changeons notre tee-shirt pour
enfiler celui du Grand Raid obligatoire pour franchir la ligne d’arrivée.
La descente n’est pas facile. Nous avons encore droit aux
rochers, aux racines et visiblement typique de l’île, une descente avec des
parties montantes. Cette fois-ci pas de lassitude, en plus je n’ai plus mal. La
redoute approche. On entend la musique et la voix du speaker en bas. Nous
croisons plusieurs randonneurs qui nous félicitent au passage. Je suis heureuse.
L’arrivée
sur le stade de la Redoute est un moment magique. Il y a une ambiance
incroyable. Avec Marie B nous franchissons la ligne d’arrivée comme nous nous
l’étions promis main dans la main. Je suis envahie d’un énorme sentiment de
soulagement et de fierté. Surtout
lorsqu’on me met la médaille autour du cou et qu’on me donne le tee- shirt
jaune de Finisher avec écrit au dos « J’AI SURVECU».
De
cette course, je retiendrai cette ferveur populaire, ces paysages
extraordinaires au cœur de l’île et cette nature encore préservée dont on a
tellement envie de respecter. Je m’attendais à un parcours difficile, mais il
faut vraiment le vivre pour s’en rendre compte. C’est une aventure humaine
avant tout, faite de belles rencontres plus ou moins longues, les bénévoles
sont aux petits soins pour votre confort, les ravitos sont copieux, les
Réunionnais toujours souriants, beaucoup de solidarités entre coureurs, sans
doute le fait de réaliser en commun une course hors norme et d’atteindre tous
le même objectif, le stade de la Redoute. C’est aussi un voyage en
introspection avec vous-même, durant des nuits entières, seul ou en compagnie
dans la nature éclairée par le seul faisceau de votre frontale. Bref, je
conseille à tous de rêver d’être capable d’accomplir un tel défi.
ALORS…A VOUS